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Repenser la ville
par la biodiversité
La France abrite un patrimoine naturel d’une richesse exceptionnelle. Des forêts de Guyane aux récifs de Mayotte, des tourbières du Jura au maquis corse, la diversité des écosystèmes français place notre pays parmi les dix nations hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées d’extinction. Une responsabilité majeure, que nous partageons aussi en ville.


Chaque année, des espèces nouvelles sont découvertes — comme récemment l’aiguillat commun à La Réunion ou le chat sauvage de Corse — mais parallèlement, une érosion silencieuse et continue touche les populations animales et végétales. En vingt ans, 66 % des espèces de papillons de jour ont disparu d’au moins un département où elles étaient historiquement présentes. Les insectes pollinisateurs, eux aussi en fort déclin, subissent les conséquences de l’urbanisation, de la fragmentation des habitats et de l’usage intensif des pesticides.
Or 70 % des plantes cultivées pour notre alimentation dépendent de ces insectes. Ce que nous perdons, ce n’est pas seulement de la beauté ou de la diversité : ce sont des fonctions écologiques vitales.
Dans ce contexte, la ville n’est plus un simple lieu de vie humaine. Elle devient un espace stratégique pour la résilience du vivant — à condition de repenser profondément notre rapport au végétal.
Les pressions responsables du déclin de la biodiversité urbaine
L’entomologiste américain Edward Osborne Wilson, l’un des pères de la notion de biodiversité, attribue la perte de biodiversité à cinq grands facteurs. Ceux-ci sont résumés par l’acronyme HIPPO, dont chacune des lettres fait écho à une des principales causes d’extinction d’espèces, par ordre d’impact sur la biodiversité :
- H pour la destruction ou la dégradation des habitats naturels (« Habitat loss ») ;
- I pour l’introduction et la dissémination d’espèces exotiques envahissantes (« Invasive species ») ;
- P pour la pollution des milieux (« Pollution ») ;
- P pour l’accroissement et la répartition de la population (« human Population ») ;
- O pour la surconsommation des ressources naturelles (« Overharvesting »).
Source : Wikipédia
Les milieux urbains ne sont pas épargnés par les dynamiques d’effondrement du vivant. Nous identifions les causes les plus critiques dans :

L’artificialisation des sols :
Chaque année, en France, ce sont des milliers d’hectares de terres qui disparaissent sous l’asphalte ou le béton. Cette imperméabilisation détruit les habitats, rompt les cycles naturels et empêche le vivant de s’enraciner.

L’enclavement écologique :
Les espaces verts urbains sont souvent isolés, sans connexion fonctionnelle entre eux.
Résultat : une biodiversité enfermée, incapable de circuler, de se reproduire, de s’adapter fragilisant considérablement la résilience des écosystèmes face aux perturbations environnementales.

Les pollutions multiples :
Bruit, lumière, air, produits phytosanitaires… L’environnement urbain exerce une pression constante sur les organismes vivants, dont beaucoup sont ultrasensibles à ces perturbations.

L’uniformisation végétale :
Pelouses stériles, arbres décoratifs exotiques peu intéressants pour la faune locale… Trop souvent, le végétal en ville est pensé comme un élément d’ornement, non comme un habitat ou un maillon d’un écosystème.

L’artificialisation des sols :
Chaque année, en France, ce sont des milliers d’hectares de terres qui disparaissent sous l’asphalte ou le béton. Cette imperméabilisation détruit les habitats, rompt les cycles naturels et empêche le vivant de s’enraciner.

L’enclavement écologique :
Les espaces verts urbains sont souvent isolés, sans connexion fonctionnelle entre eux.
Résultat : une biodiversité enfermée, incapable de circuler, de se reproduire, de s’adapter fragilisant considérablement la résilience des écosystèmes face aux perturbations environnementales.

Les pollutions multiples :
Bruit, lumière, air, produits phytosanitaires… L’environnement urbain exerce une pression constante sur les organismes vivants, dont beaucoup sont ultrasensibles à ces perturbations.

L’uniformisation végétale :
Les espaces verts urbains sont souvent isolés, sans connexion fonctionnelle entre eux.
Résultat : une biodiversité enfermée, incapable de circuler, de se reproduire, de s’adapter fragilisant considérablement la résilience des écosystèmes face aux perturbations environnementales.
Quels impacts pour notre avenir pour la vie en ville ?
Les services écosystémiques naturels en prennent un coup, et pourtant ces derniers sont indispensables à la vie humaine. De la régulation du climat, à la filtration de l’air et de l’eau, en passant par la pollinisation des cultures, et la régulation naturelle des populations d’insectes nuisibles… Lorsque ces équilibres sont rompus, ce sont notre qualité de vie et notre santé qui sont directement menacées.

Aggravation des îlots de chaleur urbains
En zone urbaine dense, les températures peuvent être de 2 à 4 °C plus élevées qu’en périphérie ou dans des zones végétalisées.
Les plantes participent à refroidir l’air ambiant grâce à l’évapotranspiration (perte d’eau par les feuilles). Or, une végétation pauvre — monoculture de pelouse ou alignement d’arbres peu adaptés — offre une capacité de régulation thermique très limitée. À l’inverse, un espace riche en espèces (strates variées, feuillages denses, enracinements profonds) multiplie les microclimats rafraîchissants.
Selon une étude de l’INRAE (2022), les parcs urbains les plus diversifiés peuvent réduire la température ressentie jusqu’à 4,5 °C de plus que des espaces végétalisés peu diversifiés.
Perturbation du cycle de l'eau
Dans un écosystème urbain sain, les plantes ralentissent et filtrent les eaux de pluie. Leurs racines favorisent l’infiltration dans le sol, limitant les écoulements en surface. Lorsqu’il y a peu ou pas de couverture végétale, l’eau ruisselle directement sur les surfaces imperméables (routes, trottoirs, toits), ce qui surcharge les réseaux d’assainissement, augmente les risques d’inondation, favorise le lessivage des polluants vers les cours d’eau.
Un sol vivant (riche en microfaune, champignons, matières organiques) stocke mieux l’eau, ce qui alimente les plantes et améliore leur transpiration.
La perte de biodiversité en ville perturbe le cycle de l’eau à toutes les étapes :
-
moins d’infiltration dans les sols,
-
plus de ruissellement et donc de pollution,
-
moindre filtration naturelle,
-
évaporation réduite,
-
disparition des régulateurs naturels que sont les zones humides.


Déclin des pollinisateurs
Selon l’IPBES (l’équivalent du GIEC pour la biodiversité), environ 40 % des espèces d’insectes pollinisateurs sont en déclin à l’échelle mondiale. En France, l’OFB et le MNHN alertent depuis plusieurs années sur la raréfaction des abeilles sauvages et des papillons, y compris dans les zones périurbaines.
En l’absence de pollinisation, la reproduction sexuée des plantes à fleurs est compromise. Cela signifie :
moins de graines produites (donc moins de régénération naturelle),
moins de fruits et de baies, qui servent pourtant de nourriture à la faune (oiseaux, rongeurs),
un appauvrissement génétique à long terme, qui rend les végétaux urbains plus sensibles aux maladies et au changement climatique.
Dans un écosystème urbain affaibli, ce déficit de pollinisation accentue la perte de diversité végétale et réduit la résilience globale des plantations.
Standardisation de la palette végétale urbaine
Un cortège végétal diversifié est plus résistant aux périodes de sécheresse ou de canicule. Si certaines espèces souffrent, d’autres prennent le relais. Cela permet de maintenir une fonction de régulation thermique continue, contrairement à des plantations monospécifiques qui peuvent totalement dépérir lors d’un stress climatique.
La biodiversité n’est pas qu’une question d’espèces : c’est un réseau d’interactions. Lorsque les auxiliaires, pollinisateurs, champignons mycorhiziens ou bactéries du sol disparaissent, certains végétaux perdent leurs partenaires naturels. Cela affecte leur développement, leur reproduction ou leur résistance. Autrement dit : certaines plantes deviennent moins performantes, voire inaptes à prospérer, non pas à cause de leurs caractéristiques intrinsèques, mais parce que l’écosystème qui les soutient s’effondre.
Ainsi l’effondrement de la biodiversité devient la cause de l’uniformisation végétale, et restreint progressivement notre capacité à créer des aménagements urbains riches, évolutifs, résilients et connectés aux territoires.
Chaque espèce qui disparaît, chaque sol vivant qui meurt, chaque relation écologique rompue, rétrécit l’horizon du paysage urbain de demain.

Des solutions à la croisée de l’expertise végétale, de l’urbanisme et de l’écologie
Si l’urbanisation est l’un des grands défis environnementaux de notre siècle, elle peut aussi devenir une opportunité. À condition de revoir en profondeur notre façon de concevoir les espaces : plus perméables, plus mixtes, plus vivants.
L’enjeu n’est plus seulement de construire durablement, mais de cohabiter intelligemment avec le vivant. Notre capacité à le faire déterminera en grande partie la résilience des villes — et de leurs habitants — face aux crises à venir.
C’est à cette croisée des chemins que nous nous retrouvons : producteurs, paysagistes, urbanistes, aménageurs, collectivités, citoyens. Ensemble, nous disposons de leviers puissants pour faire renaître le vivant au cœur même de la ville.
- Restaurer les fonctions écologiques par la désimperméabilisation, la plantation multifonctionnelle
- Créer des habitats vivants grâce à la diversité végétale, aux strates multiples pour restaurer la complexité écologique et limiter les risques.
- Favoriser la circulation du vivant au travers des trames vertes et bleues urbaines
- Optimiser les surfaces artificielles en partant à la conquête des toitures et façades
- Faire évoluer les usages et co-construire en impliquant les citoyens, collectivités et bailleurs (ex :Jardins pédagogiques, entretien différencié…)

Et le rôle des grimpantes dans tous ça ?
Souvent sous-estimées, les plantes grimpantes sont pourtant des alliées puissantes pour la biodiversité urbaine. Leur capacité à coloniser des surfaces verticales — murs, clôtures, pergolas, façades — en fait des solutions précieuses dans un contexte où l’espace au sol est rare. Mais leur intérêt va bien au-delà du gain de place. En créant des micro-habitats en hauteur, elles offrent des refuges à la faune (insectes, oiseaux, petits mammifères), participent à la régulation thermique des bâtiments, et améliorent la perméabilité paysagère des milieux très minéralisés.
Certaines espèces, comme les grimpantes mellifères/nectarifères, jouent un rôle clé dans le maintien des chaînes alimentaires locales. D’autres, plus robustes, contribuent à la résilience des aménagements soumis aux fortes chaleurs ou aux vents.
La sélection d’une large gamme de plantes grimpantes techniques, esthétiques et écologiques est possible afin de répondre aux défis de demain : ombrage naturel, continuité écologique, végétalisation de façades, ou valorisation patrimoniale.
Intégrer les grimpantes dans la palette végétale urbaine n’est plus seulement un choix décoratif. C’est un geste d’architecture vivante, un outil de biodiversité à part entière — et une formidable opportunité pour bâtir des villes plus fraîches, plus belles, et plus vivantes.